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Etape 13 de la traversée des Pyrénées de Luchon aux Granges d'Astau via le Pont de Ravi"

Le gîte des granges d'Astau étant fermé, il sera choisi l'option 2 avec arrêt à Oô. Le gîte ne pouvant pas me recevoir, les luchonnais me récupéreront pour passer la nuit chez eux.

Le tableau ci-dessous indique le plan de marche idéal encore qu'il est tout à fait possible d'aller sans difficulté de Superbagnères au Val Louron dans la journée.
Le commentaire ci-dessous tient compte de la modification de l'étape puisque j'envisageais de rejoindre directement la vallée d'Aure dans la journée.

Étape N° 13: Luchon - Pont de Ravi - Granges d'Astau Carte IGN: TOP25 N° 1647 OT
AltitudeDen. +Den. -DistancesTempsObservations
Pont de Ravi860-----
Point coté sur piste (gué)9921321.37525Route Forest. Raui
Intersection Route1.1451531.75035
Cabane dans Forêt1.198531.62535
Passage sous télécabine1.20022505Inter. Piste-Ch. Découverte
Lacet1.197- 362515à droite-descente
Lacet1.185- 121255à gauche
Point coté sur piste1.110- 751.12520avant passage talweg
Gouron1.050- 60500102 h 30
Point de vue1.071211.00020
Piste Mail de la Couche1.4003291.00060
Point Coté1.299- 1011.00020
Épingle1.250- 4975015
Épingle1.200- 5030010
Option 1
Intersection Route-Fne Hont Detcha945- 2551.25020
Pont890- 5575015
Castillon de Larboust95060750205 h 30
Option 2
Épingle Route - Chemin1.000- 20070015
960- 402.250505 h 40
Grange d'Astau1.1401803.875751 h 15 de route
930- 9006 h 55

- Commentaires de l'Etape

L'étape suivie n'est pas du tout celle prévue. J'envisageais de faire dans la journée Superbagnères, Oô, Gouaux, le haut des pistes de Peyragudes, Germ, Loudenvielle, Col d'Azet (station du Val Louron), Azet, Saillhan, Saint Lary, c'est à dire 3 étapes dans la journée. Compte tenu du timming que je m'étais fixé, cette grande étape était possible.

Le constat fait en Ariège de la dangerosité de la montagne (depuis le Port de Rat) me décide à mettre entre parenthèses les étapes du Port de Bouet à Canajan (Val d'Aran).

Elie Cayrey me prévient que sur l'étape Les - Luchon Pont de Ravi il n'y a pratiquement pas de neige, je décide de repartir de Luchon avec une modification d'itinéraire. Le départ se fera de Superbagnères à 7 h 45 dimanche 27 février. Il fait froid mais sans plus. Je pars léger en tennis. La neige porte bien sur les pistes damées. J'atteins rapidement et sans difficulté le bas du télésiège de Hount Estrét et plus exactement la cabane de Gouron-Soubirous. A partir de cet endroit, il suffit de suivre une piste sans neige qui mène à Oô. A 10 h 45 je suis au bas du village de Oô. A midi j'ai déjà dépassé le village de Gouaux et je suis à la boucle de la route en bas de la "vallée blanche". Il suffit de remonter cette vallée pour atteindre la piste noire des Agudes. A 12 h 30 j'atteins la neige. Je mange et je chausse enfin les raquettes. Je repars vers 13 h. il y a des traces partout. A 14 h 30 je remonte un peu la piste noire au niveau du lac sur la partie plane. Je décide de partir à droite pour remonter directement vers le haut du téléski que j'aperçois sur l'arête. La pente est raide mais il y a des traces partout. J'hésite à prendre une petite combe à droite sans trace. Tout droit ça ira plus vite et en plus j'ai des traces. Raquettes aux pieds, je remonte une petite croupe d'herbe. Il doit me reste 5 ou 6 mètres de neige pour "sortir" au niveau du téléski. Je démarre rapidement. Deux pas sur la neige et je vois que je glisse. je pense que le manque de neige me fait glisser sur l'herbe. mais très vite je comprends: le bruit du glissement de la neige et tout autour de moi glisse. C'est part pour une coulée de neige! Plus bas une petite barre de rocher de 3 ou 4 mètres. Il faut négocier le saut. Pas le temps! je me retrouve très vite sous la neige, la bouche et le nez rempli de neige. Un dernier sursaut sur les bâtons (comme par hasard j'avais gardé les dragonnes, ce qui n'est pas habituel chez moi). Je pousse de toutes mes forces et la tête émerge. Je m'arrête, la tête hors de la neige. Je crache. Il faut me tirer d'ici, la cassure ne semble pas franche là haut. Avec quelques difficultés, je dégage mes mains bloquées par les dragonnes dans la neige. Puis le sac. J'enlève les raquettes. J'ai mal sur le haut du fémur ou à la hanche: je ne sais pas très bien distinguer. Je me lève pour aller me mettre à l'abri d'une éventuelle sur-avalanche et pour faire le point un peu plus loin sur de l'herbe. Impossible de poser la jambe droite. Personne autour de moi. Je ne m'affole pas. Je m'habille, Je sots ce qu'il faut du sac. Je m'installe pour rester ici un certain temps. Je sors mers numéros de téléphone puis le téléphone. Je n'ai pas de réseau. Il ne manquait plus que ça. Et là bas sur la piste j'avais le réseau. J'envisage donc de me traîner à plat ventre jusqu'à la piste. Si j'ai le fémur ou la hanche cassé ce sera un moindre mal en me traînant dans la pente. En définitive je me rends compte qu'une piste fait un virage "ludique" un peu plus loin. Les skieurs semblent s'y arrêter quelques instants avant de repartir. Le bon coup est de se faire entendre lorsqu'il y en a un à l'arrêt. Alors je gueule (ça me traînant). Puis 3 ou 4 skieurs cherchent d'ou viennent les appels. Ils voient l'avalanche. Ils comprennent et me disent qu'ils vont prévenir les secours. Il est 15 h 15. Quelques minutes plus tard (très rapidement) une barquette arrive au niveau des skieurs. Le pisteur comprend qu'il ne peut rien faire de cet endroit. Par radio il discute et quelques instants plus tard, deux pisteurs arrivent au-dessus de moi. C'est bon: ça se passe bien. Je leur explique ma crainte de casse et je leur demande un matelas coquille. Pas de problème. Il faudra attendre encore un petit moment... un bon moment même car ce n'est pas seulement la barquette qui arrive, ni le matelas coquille mais aussi.... Pierrot.

Pierrot, un cycliste (coureur cycliste puis réparateur-vendeur de vélos) qui fait de la randonnée. Un excellent sportif que j'avais eu dans un stage d'initiateur de randonnée et que je revois de temps en temps en montagne. Pierrot a 3 qualités: la bonne humeur, la gentillesse et le "déconnectage". A son arrivé, le dialogue avec lui est irréaliste:

- Salut Louis. Comment vas-tu? Où est-ce qu'il faut chercher?
- Chercher quoi?
- le type qui est sous l'avalanche!
- Mais il est sorti il faut le redescendre
- Il est où?
- C'est moi le type.....
- Mais je croyais que tu étais là pour nous aider....

Bref! Pierrot fini par comprendre ce qui s'est passé. Et il est toujours de bonne humeur. Il s'occupera de tourtes mes affaires personnelles. Seule la carte ne sera pas retrouvée. On s'en fou!

On m'emballe dans le matelas coquille puis on me descend jusqu'à la barquette laissée un peu plus bas. Il paraît que je suis lourds. Curieux ça!

En attendant la barquette j'avais déjà "négocié" mon évacuation. Si on me descend aux Agudes, je suis bon pour Saint-Gaudens, solution qui ne me convient pas. On se met donc d'accord pour me repasser sur le versant Louron du Peyresoudre via un télésiège et une seconde descente.

Arrivée au cabinet médical de Peyresourde, le téléphone qui ne m'avait pas quitté est sérieusement utilisé. pas question d'aller à l'hôpital de Lannemezan. A 17 h il est à peu prés probable qu'ils soient déjà au régime sec! J'appelle Élisabeth. Elle comprends vite la situation. demande une évacuation sur la Clinique Pyrénées Bigorre à Tarbes. Pas de difficulté pour l'ambulancier. Arrivée à la Clinique c'est super efficace: radio immédiate, le médecin.....
Conclusion:
il n'y a rien. Vous pouvez repartir. Il est 20 h et déjà chez moi. Avec des béquilles. Le choc m'a "mâché" mais pas cassé. J'ai encore les os solides. Une ordonnance avec un peu de pommade et 10 jours de béquilles. Le soir même on trouve des béquilles chez un client d'Elisabeth: ça y est je suis autonome.

Conclusion:
il va falloir vite repartir! C'est bon pour le moral.

Analyse du manteau neigeux. Dés mardi matin, je fais le siège à météo-France. Les pisteurs m'avaient dit qu'ils faisaient le battage juste au-dessus de la coulée. Il est clair que les relevés ne sont pas les même à quelques mètres les uns des autres. Il y a des accumulations imprévisibles à certains endroits. Si j'étais passé quelques mètres à côté, c'était bon. J'ai pas fait le bon choix: j'ai payé. Ca fait parti du jeu. Le risque existe mais il n'est pas toujours prévisible à un endroit précis. Il faut donc attendre une meilleure stabilisation du manteau neigeux (c'est déjà ce que je disais la semaine dernière lorsque j'hésitait à repartir) pour poursuivre cette traversée sans doute par étapes décousues en fonction de la nivologie. A défaut, la montagne sera encore là l'année prochaine.

Le point au mercredi 1 mars: Je commence à marcher sans béquilles. Je conduis et j'ai récupéré ma voiture à Luchon. Je projète un footing lundi et uen sortie en montagne la semaine prochaine. Donc tout va bien!

Le point au samedi 11 mars: forte douleur à la hanche. impossible de faire un footing. Mais il est confirmé que rien n'est cassé.

Ce commentaire a été réalisé en mars 2000 au lendemain de mon accident.
A cette époque l'hôpital de Saint Gaudens n'avait pas la notoriété d'aujourd'hui et je préférai être hospitalisé à Tarbes à quelques mètres de mon domicile. Retour

Louis Dollo, 21 janvier 2006