L'impact des stations de ski sur l'environnement

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Comme pour toutes activités humaines, l'existence d'une station de ski ou d'un parcours de raquette à neige ou de ski de fond a un impact sur la faune et, dans certains cas, sur la flore. Il en est de même de la pression urbaine, des routes, des chemins de fer, des activités pastorales et de l'ensemble des loisirs. Le vrai problème n'est pas de dire et dénoncer les impacts mais d'analyser les impacts positifs et négatifs. Par la suite, se poser la question de savoir si l'activité est indispensable à l'homme et de trouver la solution la moins impactant négativement.
Il y a aussi la solution extrémiste qui consiste à interdire toutes activités humaines pour laisser toute la nature retourner à l'état sauvage sans aucune présence et intervention de l'homme. Est-ce la meilleure solution?

- La faune menacée par les domaines skiables dans les Alpes

La faune, à l'image du tétras lyre, est "menacée" par les domaines skiables des Alpes qui se sont développés ces dernières années, selon une étude suisse publiée vendredi et qui assure quantifier pour la première fois l'impact des sports d'hiver sur les animaux.

"Les grands oiseaux et les grands mammifères qui peuplent les Alpes au niveau des domaines skiables sont menacés par les activités sportives et leurs infrastructures", a expliqué à l'AFP le professeur Raphaël Arlettaz de l'université de Berne, qui a conduit l'étude comparant la population du tétras lyre dans une trentaine de secteurs des Alpes vaudoises et valaisannes.

Ce petit coq de bruyère a été choisi par les chercheurs de l'université de Berne et de la Station ornithologique suisse car son habitat à la limite des forêts entre 1.600 et 2.300 mètres d'altitude correspond à l'emplacement de la majorité des remontées mécaniques. Il est en conséquence l'espèce "la plus vulnérable" aux sports d'hiver, selon les chercheurs.

"Dans les Alpes de Suisse occidentale, les activités sportives générées par les installations de ski affectent 44% de la surface de l'habitat du tétras lyre", souligne l'étude.

Par endroit, "les effectifs du tétras lyre sont réduits de 49%" par rapport à des zones équivalentes naturelles, sans infrastructure sportive, précise-t-elle ajoutant que "plus la densité de téléskis est importante dans une zone donnée, moins les coqs de bruyère sont abondants". L'impact est ressenti jusqu'à 1.500 mètres des infrastructures.

Au total, "les Alpes valaisannes et vaudoises ont perdu au moins 15% de leurs effectifs de tétras en raison du seul développement des stations de sports d'hiver", résument les scientifiques qui expliquent cette déperdition par le "stress" engendré par la présence humaine durant tout l'hiver.

Comme le tétras, d'autres animaux tels les lièvres et les chamois sont affectés mais dans une moindre mesure, bénéficiant d'un habitat plus vaste, relève le professeur Arlettaz.

En tout état de cause, "le phénomène ne se cantonne pas à la Suisse et est identique dans toutes les Alpes", prévient-il, préconisant la création d'urgence de zones de refuge à proximité des domaines skiables.

Source: Google / AFP du 31 octobre 2008

- Les sports d'hiver ont un impact sur la faune sauvage en Suisse

Les sports d'hiver ont un impact non négligeable sur la faune de montagne, selon des chercheurs suisses qui ont quantifié pour la première fois ses effets. La Station ornithologique suisse, à Sempach (LU), demande la création de "zones de refuge hivernal".

L'étude de l'Université de Berne s'est intéressée plus particulièrement aux tétras lyre dans les Alpes occidentales. Les activités sportives générées par les installations de ski affectent 44% de la surface de l'habitat de cet oiseau dans les Alpes vaudoises et valaisannes. Dans les domaines skiables, les effectifs sont en moyenne de moitié (49%) inférieurs à ceux des zones dépourvues de téléskis.

Les chercheurs estiment que dans ces deux cantons, le développement des stations d'hiver a réduit les effectifs de tétras lyre d'au moins 15%. Cette estimation est "un minimum", soulignent les scientifiques.

La Station ornithologique suisse demande la création de zones de refuge afin d'assurer à la faune une certaine tranquilité pendant l'hiver. Il faudrait les aménager à proximité des domaines skiables, en tenant compte des besoins du tétras lyre et en compromettant "le moins possible" la pratique des sports d'hiver.

Source: Romandie/ats du 31 octobre 2008 22:22

- L'impact des sports d'hiver sur la faune sauvage enfin chiffré

Des chercheurs suisses sont parvenus à quantifier, en première mondiale, l'impact des activités de sports d'hiver sur la faune de montagne. Dans les Alpes de Suisse occidentale, les activités sportives générées par les installations de ski affectent 44% de la surface de l'habitat du tétras lyre, entraînant au sein des domaines skiables des réductions pouvant aller jusqu'à 49% de ses effectifs. Pour corriger le tir, les chercheurs préconisent la création de zones de refuge hivernal. Les modèles quantitatifs développés par les biologistes permettront de localiser précisément ces zones de refuge dans le paysage.

Berne et Sempach - Sous la direction du Prof. Raphaël Arlettaz, Dr Patrick Patthey et Sven Wirthner, une équipe de chercheurs de l'Université de Berne et de la Station ornithologique suisse, financée par le Fonds National de la Recherche Scientifique et un programme Interreg italo-suisse, est parvenue pour la première fois à quantifier précisément l'impact sur la faune sauvage des réseaux de remontées mécaniques et activités de sports d'hiver qui en découlent. Les résultats de cette étude viennent de paraître dans la prestigieuse revue Journal of Applied Ecology.

Leur portée va bien au-delà de nos frontières car on craint un peu partout les effets négatifs de l'essor général des activités de loisir en plein air sur la faune sauvage.
Le développement des sports d'hiver de plein air a profondément modifié nos paysages alpins. Des stations touristiques, toujours plus nombreuses et de plus en plus grandes ont été implantées dans des zones traditionnellement dévolues aux prairies et aux pâturages. Les réseaux de remontées mécaniques ont entraîné de profondes modifications du paysage (pylônes et câbles aériens, défrichements, aménagement de pistes, etc.). Enfin, on a récemment démontré que la présence croissante de foules bigarrées dans des habitats jadis dépourvus de présence humaine durant tout l'hiver est un sérieux facteur de stress pour la faune sauvage.

Les scientifiques ont choisi le tétras lyre (ou petit coq de bruyère) comme modèle. Cet oiseau menacé vit toute l'année dans la zone supérieure de la forêt subalpine, là où l'on trouve sapins, arolles et mélèzes épars, au contact des landes et pelouses. C'est aussi dans ces secteurs que se concentrent la majorité des installations de remontées mécaniques, ainsi que les adeptes de ski et de snowboard.

Les biologistes ont recensé les tétras lyres sur une trentaine de secteurs des Alpes valaisannes et vaudoises. Leur habitat a été précisément cartographié, tant du point de vue de la végétation que des infrastructures de sports d'hiver. L'ensemble de ces données a été modélisé afin de déterminer quels étaient les impacts respectifs des infrastructures (téléskis - ainsi que du trafic sportif qui en découle), du type de végétation (forêt de mélèzes ou d'épicéas, etc.) et de la chasse sur la taille des effectifs observés. Sur cette base, ont ensuite été extrapolées des cartes qui prédisent l'abondance des tétras sur l'ensemble de la zone d'étude (Valais et Vaud).

Les résultats sont sans appel: les infrastructures et la pratique des sports d'hiver qui en découlent sont le principal facteur affectant la densité des populations de tétras: plus la densité de téléskis est importante dans une zone donnée et moins les coqs de bruyère sont abondants, ceci après contrôle de l'effet du type d'habitat qui joue également un rôle important. Au sein des domaines skiables, les effectifs de tétras sont en moyenne 49% inférieurs à ceux rencontrés dans les secteurs dépourvus de téléskis, tandis qu'en périphérie des domaines skiables on observe une chute moyenne de 18% des effectifs. L'impact sur les populations se fait sentir jusqu'à une distance d'au moins 1500 m des installations. Enfin, le modèle spatial indique que 44% de la surface d'habitat du tétras lyre des Alpes valaisannes et vaudoises est affecté par une baisse d'effectif en raison de l'existence de domaines skiables. Ainsi, il est estimé que les Alpes valaisannes et vaudoises ont perdu au moins 15% de leurs effectifs de tétras en raison du seul développement des stations d'hiver. Il faut toutefois préciser que cette estimation est un minimum car elle ne tient pas compte de l'effet des sports d'hiver pratiqués en dehors des domaines skiables, comme la randonnée à ski ou en raquettes, qui sont en constante expansion sur les 56% de la surface restants (les chercheurs se penchent actuellement sur cet aspect).

Cette recherche livre des solutions pragmatiques pour améliorer la situation. Des réserves ou refuges assurant la tranquillité hivernale de la faune sauvage sont à créer à proximité des domaines skiables. D'une étendue de quelques hectares, ces zones doivent être judicieusement placées, en tenant compte à la fois de l'habitat favorable à l'hivernage du tétras tout en compromettant le moins possible la pratique des sports de neige. Les modèles spatiaux des chercheurs permettront de localiser les zones prioritaires, soit les secteurs où les conflits potentiels entre l'homme et le tétras sont particulièrement élevés. Dans ces réserves, dûment signalisées, toute pénétration humaine est à proscrire durant les mois d'hiver. En effet, les tétras peuvent tout à fait coexister au voisinage de l'homme dès le moment où le dérangement disparaît (ou dès le moment où l'homme n'est plus perçu comme un agent perturbateur majeur). Ces réserves de tranquillité se prêteraient en outre très bien à l'observation des tétras, ce qui pourrait être envisagé dans le cadre d'animations à vocation éducative pour les touristes et adeptes des sports d'hiver, animations qui devront bien sûr scrupuleusement respecter la tranquillité des refuges hivernaux. Enfin, de tels secteurs serviront automatiquement de refuges à d'autres espèces animales, moins menacées que les tétras, mais qui pâtissent également du dérangement humain.

Référence
Patthey, P., S. Wirthner, N. Signorell & R. Arlettaz (2008): Impact of outdoor winter sports on the abundance of a key indicator species of alpine ecosystems. Journal of Applied Ecology - doi: 10.1111/j.1365-2664.2008.01547.x

Auteur
Prof. Raphaël Arlettaz. PhD, Prof. of Conservation Biology - University of Bern & Swiss Ornithological Institute (Valais Field Station)

Source: Notre planete du 31 octobre 2008