Le Monde des Pyrénées

Issarbe ferme, Niky quitte la station de ski des Pyrénées-Atlantiques - 2012

Issarbe sapins neige
Photo: Nicolas Guionnet

«Nous partons, nous bradons». C’est par ce titre laconique que nous apprenons le départ définitif de Niky et peut-être aussi la fermeture définitive de la station d’Issarbe. Une figure de la montagne béarnaise va disparaître.

Ce n’est pas une grande station. Mais le lieu est agréable pour accueillir les familles dans un milieu boisé. Depuis 7 ans, Niky (Nicole Camsusou  qui signifie en béarnais: «sous un champ») en assurait la gérance. Mais manifestement le lieu n’inspire pas son propriétaire, la commune de Lannes en Barétous, pour en assurer la pérennité et la promotion. Issarbe est assez méconnu du public. Seule sa gérante, avec les petits moyens qui étaient les siens, tentaient de faire vivre et connaitre ce lieu de rêve et attirer une clientèle.

Nombreuses activités…
Il aura fallu beaucoup d’imagination à Niky depuis son arrivée le 13 novembre 2005. Fille de berger de la vallée d’Aspe, elle était ici dans son élément, un peu chez elle au milieu de cette nature maîtrisée par l’homme depuis des millénaires. Elle offrait, toute l’année, le gîte sous yourte ou en chambre d’hôtes, des nuits sous igloo en plein hiver, la location de raquette, ski de fond, luges, vtt, des stages de photos, des cours de math pour les enfants dans une ambiance de vacances, des ânes avec bât pour les balades, observation de la faune et de la flore, etc… Elle organisait ou participait à l’organisation la fête des estives, la nuit des étoiles, des conférences sur la géologie, des découvertes du pastoralisme, l’accueil d’enfants en difficulté, etc… et une restauration.

La tempête de 2010 est passée par là.
La tempête du 27 février 2010 a occasionné de nombreux dégâts à la forêt et aux bâtiments. Des chemins ont été obstrués par des arbres. Toutes les activités ont dues être arrêtées. Plus d’activités, plus de clients, plus de recettes. Et les clients vont voir ailleurs. Mais le pire est que personne n’est venu mettre de l’ordre à ce paysage dévasté. Il faudra attendre l’hiver suivant pour sécuriser les itinéraires et le 17 décembre 2010, presque un an, pour que le bâtiment soit remis en état. Et pendant ce temps, il faut vivre….

Le succès passé
Issarbe est créée en 1989 par la volonté de l’ancien maire, Louis Althapé. Située au bout d’une route à l’origine forestière de 17 km, l’activité et les équipements se trouvent éloignés des grands centres de tourisme. Toutefois, la municipalité de l’époque voyait dans ce projet un grand avenir comme ce fut le cas pour beaucoup d’autres petites stations. Située en basse altitude (1500 m) au cœur d’une forêt de 231 ha, nous y trouvons 31 km de pistes avec 9 itinéraires dont 7 damés l’hiver. L’ensemble balisé pour des balades été comme hiver. Le tourisme prend ici toute sa dimension de complémentarité du pastoralisme. L’été, deux bergers montent 280 brebis taries, une dizaines de vachers y laissent 300 bêtes et 80 équins. Et Niky, la fille de berger surveillait tout ce petit monde qui, l’été,  fait la joie des enfants et participe à l’entretien et la beauté du paysage.
Mais comme toutes les stations de basse altitude, Issarbe a subi de plein fouet le manque de précipitations neigeuses. La clientèle s’est alors tournée vers des stations comme La Pierre Saint Martin qui bénéficie d’une plus grande notoriété. Pourtant, c’est à Issarbe qu’est né le Snow Bike. Un point d’histoire vite, trop vite oublié.

Tout est bradé
Trois saisons ratées, aucune aide, «pas même la visite du Conseiller Général, Président du CDT, comme il l’avait promis», Niky n’a pas d’autres solutions que de tout laisser tomber. Devant l’inertie politique, elle baisse les bras. Elle quitte se lieu qu’elle aimait depuis 7 ans et où elle résidait toute l’année été comme hiver. «Je n’ai aucune dette» dit-elle. Mais elle préfère arrêter avant d’en avoir. On la comprend. «Je suis propriétaire de tout le matériel» précise-t-elle. «Tout est à vendre» S’il existe un repreneur qui veut acheter, c’est possible. Si non, «tout est bradé, tout doit être vidé».

Triste fin pour la gérante de cette station. Peut-être aussi triste fin pour cette station. Mais c’est une autre histoire que nous aurons peut-être à écrire prochainement. Rappelons qu’en 2009, le conseil municipal avait voté à l’unanimité la fermeture de la station.

Louis Dollo, le 15 mars 2012