Plutôt que d'imaginer des infrastructures lourdes et coûteuses avec un tunnel au milieu des Pyrénées, des moyens d'accès, les pollutions que tout ceci engendrent, ne serait-il
pas plus viable d'imaginer des transports maritimes?
C'est apparemment l'option prise par l'Etat français en les appelant des "autoroutes de la mer" aussi bien du côté Atlantique que de la Méditerranée.
Le ministre français des transports, Dominique Perben, et son homologue espagnole, Magdalena Alvarez Arza, ont procédé le 26 juillet à l'installation de la Commission intergouvernementale franco-espagnole chargée de leur proposer une sélection de projets d'autoroutes de la mer sur la façade atlantique-Manche-mer du Nord. "Ces projets, soutenus au niveau communautaire, représentent une alternative au transport terrestre favorable au plan environnemental et économique. Ils permettront d'éviter une part significative du trafic de poids lourds et remorques entre l' Espagne et la France, ce qui réduira la circulation sur les axes saturés. C'est également une des priorités du programme de travail franco-espagnol de renforcement des liaisons transpyrénéennes", souligne le ministère des Transports. Plusieurs pistes de travail sont étudiées, de l'amélioration des lignes existantes à la création de nouvelles liaisons, dont les promoteurs devront convaincre de la viabilité économique. Ces nouveaux axes devront présenter des conditions de régularité, de fréquence et un fort rapport qualité/coût. L'objectif, fixé en 2005, est de transporter, dès la première année, 100 à 150.000 poids lourds par voie maritime.
Un appel à projet avant la fin de l'année
"Les ministres ont chargé les deux chefs de délégation de rédiger rapidement un appel à projets conjoint visant l'ensemble des opérateurs de la chaîne de transport et ont fixé des principes destinés à favoriser l'émergence de projets pertinents, dans un cadre concurrentiel ouvert: escale dans au moins un port espagnol et au moins un port français; non-désignation a priori des ports qui peuvent être impliqués". Les critères d'évaluation de la qualité des projets seront notamment: le volume de trafic transféré de la route à la mer, la performance des opérations et des services portuaires, la qualité du service maritime, en particulier sa fréquence. Plusieurs projets sont soutenus par les ports français, notamment celui de Nantes Saint-Nazaire. L'autoroute de la mer "Transgascogne" se veut une alternative au trafic transpyrénéen (6.1 millions de camions par an sur les A 63 et A 9), dont la moitié proviennent ou aboutissent au sud de la métropole ligérienne. Le port autonome préconise donc l'installation d'une ligne directe, sorte de "troisième voie autoroutière", entre Montoir et le nord de l'Espagne, par exemple Bilbao, où transitent 50% des flux routiers de la péninsule ibérique. Ce projet, qui proposerait 3 départs par jour de chacun des deux ports, nécessiterait une flotte de 6 navires rouliers capables de transporter 230 remorques. L'investissement total, incluant l'adaptation des infrastructures portuaires, serait inférieur à 400 millions d'euros.
L'objectif fixé par les Ministres aux chefs de délégation est de lancer l'appel à projets avant la fin de l'année 2006 et de leur remettre une proposition de sélection de projets courant 2007 en vue d'une mise en place du service en 2007. Par ailleurs, la France et l'Espagne s'appuieront sur les travaux menés par la Commission intergouvernementale franco-espagnole pour conduire leurs réflexions sur les autoroutes de la mer en Méditerranée en liaison avec l'Italie.
Source: meretmarine.com du 19 septembre 2006
C'est la question que se pose la Conférence des Régions Périphériques Maritimes d'Europe, qui vient d'adresser à Jose Manuel Barroso, le président de la Commission européenne une lettre d'inquiétude. "Face au retard à la mise en oeuvre effective des Autoroutes de la Mer, cinq ans après le lancement de cette initiative, la CRPM alerte la Commission sur la nécessité d'une promotion plus dynamique de ces Autoroutes. Au moment où s'élabore une ambitieuse politique maritime européenne, les transports maritimes ne sauraient être oubliés. Certes le short sea shipping progresse dans certaines zones, mais il ne répond pas au besoin de transfert massif des trafics de la route vers la mer", souligne la Conférence. Plusieurs documents publiés dernièrement par Bruxelles dans le domaine du transport maritime suscitent l'inquiétude des régions maritimes. C'est le cas de l'Examen à mi-parcours du Livre Blanc sur les transports, où les "grandes" ambitions de 2001 concernant le report des trafics depuis la route vers les modes moins polluants. Pourtant, dans l'Examen à mi-parcours du Programme "sont revues à la baisse et le mode maritime n'est pas vraiment encouragé" pour la promotion du transport maritime à courte distance (Short sea shipping), publié en juillet, on peut lire que les Autoroutes de la Mer sont "achevées ou pratiquement achevées". Pour Claudio Martini, président de la CPRM: "Une telle affirmation n'est pas acceptable".
Le transport maritime dans le règlement financier du réseau transeuropéen
La conférence craint également que la directive Eurovignette, qui taxera les infrastructures routières, non seulement ne servira pas à financer les autoroutes de la mer, mais en plus risque de les handicaper en cas d'élargissement de l'Eurovignette, en 2008, aux autres modes de transport que la route. Les régions périphériques maritimes émettent, enfin, "la plus grande inquiétude" sur la Proposition de règlement financier du réseau transeuropéen (RTE-T) du 24 mai dernier: "Le terme Autoroute de la mer n'est jamais cité, alors que les voies navigables et le fluvial le sont abondamment". La CPRM annonce qu'elle interviendra auprès du parlement de Strasbourg pour rétablir une "visibilité maritime" car "il semble pertinent que ce règlement financier prévoit qu'une part des budgets alloués dans la programmation pluriannuelle du budget RTE-T soit dédiée au mode maritime". Alors que, dans le cadre du RTE-T, six coordinateurs ont été nommés pour le secteur ferroviaire, la Conférence réclame la nomination d'un coordinateur pour les autoroutes de la mer: "Nous avions demandé au commissaire Barrot qu'un coordinateur soit nommé pour chaque autoroute de la mer. Il nous en avait alors accordé un seul pour l'ensemble. Mais aujourd'hui il n'en est rien", s'indigne Claudio Martini.
Certains dossiers semblent néanmoins progresser, même à petite vitesse. Ainsi, le 28 juillet, le ministre français des transports, Dominique Perben, et son homologue espagnole, Magdalena Alvarez Arza, ont procédé à l'installation de la Commission intergouvernementale franco-espagnole chargée de leur proposer une sélection de projets d'autoroutes de la mer sur la façade atlantique-Manche-mer du Nord. L'objectif fixé par les Ministres aux chefs de délégation est de lancer l'appel à projets avant la fin de l'année 2006 et de leur remettre une proposition dans les mois qui suivront, en vue d'une mise en place du service en 2007/2008.
Source: meretmarine.com du 5 octobre 2006