Le mardi 31 octobre 2006, l'invité du jour sur France 3 Sud était Christian Castéran pour la présentation de la Nouvelle Traversée des Pyrénées (NTP) par la vallée d'Aure, en
remplacement la Traversée Centrales de Pyrénées (TCP) par la vallée des Gaves, qui a, manifestement, quelques problèmes d'acceptabilité de la part des populations locales.
Cette Interview a au moins un avantage: montrer le peu de crédibilité du projet et du porteur de projet.
Pour s'en convaincre, il suffit d'écouter Christian Castéran sur France 3 ou de lire ci-dessous la retranscription de cet entretien avec les commentaires.
(réalisé par l'association Epine - Commentaires Louis Dollo)
Marie Sophie Lacarrau ( M.S L) de France 3 Sud:
Le projet de traversée ferroviaire Centrale des Pyrénées, un vrai serpent des mers, ce tunnel qui relierait la France et l'Espagne en passant par la vallée des Gaves on en parle
depuis plus de 10 ans de ce projet. Projet qui passerait par le Plateau de Lannemezan entre Hèches et Bielsa?
C. Castéran ( C.C) de la NTP:
"exact..."
MS L:
Comment vous pouvez vouloir cette traversée dont personne ne veut dans la vallée des Gaves
juste à côté?
C.C: Eh bien pourquoi? C'est tout simple: vu que nos voisins de la vallée des Gaves ne l'ont pas voulu, j'ai pensé qu'il était dommage pour le département de perdre ce projet d'intérêt économique général qui concerne tout le département et après une petite réflexion j'ai pensé que chez nous à Lannemezan, sur le plateau de Lannemezan, vu que les atouts que nous possédons donc il était possible d'envisager une Traversée Centrale des Pyrénées..
Quels intérêts économiques pour le département? Quelle partie du département? Avec l'abandon de quels autres intérêts économiques?
Y a-t-il eu une étude d'impact économique, social, culturel avant de lancer de telles affirmations?
A notre connaissance, NON!
MS L:
Donc, dans la Vallée des Gaves, 69 Communes sur 83 ont délibéré contre ce projet de Traversée Centrale, pourquoi est-ce que c'est possible de faire la Traversée Centrale sur le
Plateau de Lannemezan? Qu'est-ce qui fait que c'est possible?
C.C:
C'est tout simple: euh, nous avons, euh, l'arrivée des trains qui se fait avec facilité depuis Toulouse parce que le but de ce projet c'est de relier Toulouse et Saragosse les deux
capitales régionnales par ce projet de tunnel ferroviaire donc l'accès de Toulouse à Montréjeau puisque ça monte légèrement, la pente est de 1,1% de la gare de Montréjeau à la gare
de Lannemezan: c'est tout à fait raisonnable et acceptable pour les trains TGV parce qu'il faut savoir que ce projet est un projet de TGV marchandises- voyageurs et ferroutage.
Donc, suite de la gare à l'entrée de la montagne c'est plat comme la table, c'est un plateau de 300 à 400 ha de landes inutilisé qui sont, euh, comme prédestinés à un projet de
Traversée Centrale des Pyrénées agrémenté, je dirai d'une plateforme multimodale de logistique
Il faut rappeler quelques faits.
MS L:
Et sur ce plateau, il n'y a rien à craindre sur le plan de l'environnement, sur le plan du tourisme on ne craint pas une polllution sonore ou visuelle?
C.C:
Au contraire, je répète que cette traversée des landes jusqu'à la montagne est totalement vierge et, ou qui ne procure pas le moindre problème environnemental: c'est notre
point fort pour cette traversée des pyrénées... ( et après la lande, hèches, où passe-t-il ce tunnel, où sera-t-il percé pour rejoindre bielsa, en vallée d'aure?)
Notre Castéran local ne manque pas d'un certain culot en disant que l'itinéraire est vierge et qu'il "ne procure pas le moindre problème environnemental" sans la moindre étude pas plus qu'une concertation avec les propriétaires. L'homme s'impose! Il oublie l'époque où il a failli perdre la grange où il vendrait ses fromages à Saint-Lary au profit d'une opération immobilière. Il s'est battu pour avoir son magasin. Il a eu raison. Qu'il pense que d'autres se battront pour préserver leur patrimoine. Il devrait y penser.
MS L:
Il y aurait 250 à 300 trains par jour?
CC:
aucun problème....
Tiens donc... ce qui était un problème en Lavedan (vallée des Gaves et Pays de Lourdes) ne le serait pas en vallée de la Neste (essentiellement les nuisances sonores pour la partie hors tunnel). Peut-être bien que les habitants n'en ont pas encore pris conscience. Parions que l'association "Epine" s'en chargera. Car l'opposition existe bien et est associée à ceux de la vallée des Gaves, Monsieur Castéran devrait en prendre conscience avant de dire n'importe quoi.
MS L:
Des associations quand même s'élèvent contre la Nouvelle Traversée des Pyrénées: le Maire de Labastide, une commune voisine de Hèches s'est prononcé contre, il n'en veut pas.
Comment est-ce que vous allez faire avec ces voix qui commencent à s'élever?
C.C:
Eh bien! d'abord, je vous dirai que ces voix sont très minimes et deuxièmment avant que ces gens prennent position comme ils l'ont fait, j'aurai préféré d'abord qu'ils dialoguent
un petit peu avec le président que je suis parce qu'ils ont pris des décision sans savoir exactement de quoi il en résulte car moi même, je ne peux pas savoir de quoi il en résulte
car ce sont seules les études à venir qui pourront décider, définir définitivement, si le projet est faisable ou non alors je ne vois pas pourquoi on polémique avant de partir.
Edifiant! Super démocrate notre Castéran!
Aussi minimes soient-elles, ces voix existent et pas seulement au travers d'un maire mais aussi au travers d'une association "Epine". Elles ont le droit de s'exprimer.
Pourquoi faudrait-il passer par Monsieur Castéran pour discuter? Il représente qui et quoi? Qui est-il pour avoir une telle prétention? Il est élu par qui? N'existe pas dans notre système de démocratie républicaine des représentants du peuple auquel le peuple et les associations peuvent s'adresser? Est-il le représentant d'une collectivité locale, d'un des Etats, d'un consortium de construction ferroviaire ou l'instrument d'une association de lobbying, Euro Sud Transport, financée par le Conseil Régional Midi-Pyrénées? Curieux comportement!
Curieux de dire qu'il faut attendre les études à venir alors que plus haut il était très affirmatif comme si tout était réglé et qu'il n'y avait plus qu'à passer à l'action. A noter l'existence des études SETEC en 1996 puis SYSTRA en 2002 pour un tunnel à partir de Saint-Lary et non depuis Hèches.
Polémique? Monsieur Castéran n'apprécierait-il pas le débat démocratique? Une opposition n'aurait-elle pas le droit de s'exprimer sans son accord préalable? Ce genre de comportement n'augure rien de bon pour l'avenir
MS L:
du côté espagnol, les aragonais ont très envie que ce projet se fasse, on va voir des images, à saragosse, ils sont en train de construire une plateforme gigantesque, un terrain de
13.000 ha, 30 entreprises sont déja installées, vous avez rencontré les aragonais, que pensent-ils de votre projet?
C.C: Alors, euh, de la parole du président Marcelino Iglesias aux foires aux traditions en aout 2005 à Loudenvielle, le président Iglesias me dire: " monsieur Castéran, face aux Pyrénées, ce projet pour qu'il sorte là, là ou là mais au moins qu'il sorte!!", ça veut dire que: qu'il sorte à Biescas par le projet du Lavedan ou qu'il sorte à Bielsa par le plateau de Lannemezan, les aragonais s'en moquent car eux ont la volonté et ont les moyens financiers de réaliser ce projet le plus vite possible: Lannemezan-Huesca-Saragosse...
En fait, peu importe où, mais faisons un ou des trous à travers les Pyrénées. Rappelons-nous les Pyrénées gruyères. Assez stupéfiant!
Ce président de l'Aragon se moque de connaître l'intérêt du projet. L'essentiel pour lui est qu'il existe.
MS L:
même si le trajet sort comme on le dit du côté, près d'un parc national?
C.C: Pas de problème: ils ont la volonté et les moyens pour résoudre tous les problèmes!
Très rassurant!
Ils ont l'argent et nous devons nous plier. Ils auront aussi les entreprises et nous les miettes pour regarder passer les trains. Excellent business pour... l'Aragon. Mais c'est la
France qui paie et le pyrénéen qui fera le spectateur.
MS L:
et cette plateforme multimodale: on en a vu une à saragosse, vous, vous en voyez une sur le plateau de Lannemezan?
C.C:
ça coule de source: Huesca qui est à 50 km de la frontière qui est la chaîne des Pyrénées commence la sienne sur un terain de 120 ha, nous l'avons visitée avec 15 membres du
conseil d'administration il y a quelques mois de cela, et il faut dire que je suis renforcé , un peu, sur une plateforme multimodale à Lannemezan parce que , euh, sur un rayon
de 100 km autour de Saragosse, vous l'avez dit, je le répèterai: la première plateforme européenne qui en 2010 comptera 120 entreprise qui représenterons 12 000 emplois. Sur le
site de Teruel, Fraga et Huesca une autre plateforme, ça veut dire que sur un rayon de 200 km les aragonais font 4 plateformes: pourquoi n'en ferait-t-on pas une à Lannemezan à
100 km de toulouse? qui, Toulouse va saturer en 2007( jdlr: est-ce bien réel?), Toulouse va afficher complet à eurocentre en 2007, et , de ce fait euh comme c'est une aventure
économique, je dirai que si on ne réalise pas un projet comme cela sur le plateau de Lannemezan, et bien je l'ai dit , l'autre jour à cette réunion à Eurocentre où il y avait un
parterre de 50 chefs d'entreprises d'Eurocentre, devant la représentante de Mr Malvy qui était Mme Marconi: "que si on ne faisait rien à Lannemezan, il ne nous restera plus que
l'herbe pour brouter!!!".
Stupéfiant!
Christian Castéran nous démontre, sans aucune ambiguïté, que la région Midi-Pyrénées est simplement à la remorque de l'Aragon qui, elle, a des projets commerciaux et industriels
agressifs contrairement à nous et que, en définitive, nous aurons les miettes de cette agressivité si on veut bien nous en laisser.
C'est donc bien l'Aragon qui mène le jeu pour elle-même. Les Hautes-Pyrénées et Lannemezan ne sont vraiment pas leur problème. On les comprend!
Par ailleurs, une plateforme multimodale à Lannemezan c'est inciter les camions, donc les nuisances et toute la pollution sans en retirer aucun intérêt (peut-être quelques emplois...
si modestes comparés aux nuisances...).
Mais quel intérêt de tirer du TGV (Fret et voyageurs) entre Saragosse et Toulouse si depuis Toulouse il n'y a plus de TGV? Et s'il y en a un via Barcelone mettant Toulouse plus
proche de Saragosse que de Paris, quel intérêt de faire tant de frais et de nuisance? Il y a là une incohérence difficile à comprendre.
Et puis, pour l'herbe à brouter, n'y a-t-il pas là un certain mépris pour les agriculteurs? Nous avons connu ce genre de mépris de la par de "bandes d'écolos" au sujet des éleveurs hostiles à l'introduction d'ours, allons nous recommencer cet engrenage de haine pour un tunnel?
MS L:
Mais avec une base de chargement et de déchargement à Lannemezan, est-ce qu'on ne déplace pas, un peu, le problème: finalement, les camions, on va les retrouver sur la route à
partir de Lannemezan?
C.C:
Pas du tout! Parce que ce n'est pas fait pour capter seulement les quelques camions de la région, malgré que il y en ait beaucoup trop, que ce soit par les passages sur la vallée
d'Aure et du Val d'Aran, quand ce chiffre va tripler, d'ici 15 ans, c'est pas cela le plus important: pour nous oui ça dégagerait nos routes, ça coule de source mais ce sont
surtout pour des véhicules qui feraient du transit entre le nord et le sud de l'Europe. Le but principal est dans la recherche de rentabilité d'un projet comme celui là, sont ces
camions qui voyageraient en trains, euh, du nord au sud et sud au nord D'autant plus que l'Espagne et le Maroc ont convenu de faire le tunnel sous Gibraltar qui doit démarrer
d'ici 2 ans donc, hum, irait du nord de l'Europe en Afrique et au Magreb.
Voilà qui est différent des propos du début. Ce n'est donc plus pour relier les deux capitales régionale mais aussi pour les transports internationaux du nord au sud de l'Europe.
Mais qu'est-il prévu pour acheminer les trains à grande vitesse depuis le nord de l'Europe et le sud de l'Espagne jusqu'aux entrées de tunnel? Le projet NTP ne prévoit rien dans
ce sens.
Pire, nous apprenons que le concessionnaire du tunnel du Perthus a des difficultés pour trouver des clients pour la traversée de son tunnel. Manifestement les transporteurs ne font
pas confiance à la SNCF et RFF. Peut-être aussi que le principal transporteur routier de France qu'est la SNCF n'a pas intérêt à utiliser un tel moten. Il faudra donc que Monsieur
Castéran nous explique comment il compte faire.
Question subsidiaire: que rapporte au département des Hautes-Pyrénées le fait de transporter des camions entre le nord et le sud de l'Europe?
MS L:
une dernière question: avec les présidentielles et les législatives l'année prochaine, j'imagine que vous allez sensibiliser les politiques très rapidement?
C.C:
eh bien, euh euh oui, je profiterai à l'occasion, chaque fois qu'il, qu'elle me sera donnée pour demander, euh, à tous les élus, quels qu'ils soient, du plus petit au plus
important de prendre notre projet en compte et de nous aider à le porter et à le défendre.
Bon courage!....
MS L:
merci beaucoup christian castéran d'avoir accépté notre invitation, on continuera, bien sur de s'intéresser à ce projet de TCP, des études devraient être communiquées à la fin de
l'année, le choix du tracé devrait être lui, pris en 2008...
La NTP n'est ni plus ni moins que la TCP transposée d'une vallée à l'autre. Le projet semble toujours aussi creux. Il ne tient pas compte, entre autres éléments:
Si le projet est vraiment fait pour se rapprocher de l'Aragon et plus spécialement de Saragosse, il faut sans doute ajouter au projet que:
Devant la Dépêche du Midi du 2 novembre 2006, ces promoteurs pensent créer 3.000 emplois. Il paraît que ça se voit ailleurs. Mais où? Pour le persement du tunnel du Perthus, ce ne sont que 3 équipes d'une vingtaine d'ouvriers sépcialisés qui travaillent. Peu-être que les défenseurs de la NTP rêvent encore de l'époque des grands travaux EDF (années 1950) avec des centaines d'ouvriers? Et puis, combien d'autres emplois dans le tourisme et l'agriculture seraient abandonnés? Il faudrait connaître le gain net.
Dans l'immédiat, rien de tous ces éléments n'est présenté ni même abordés dans les diverses réunions. Le projet est pour le moins léger et quelque peu dangereux sur le plan financier (Cf. Tunnel sous la Manche) et social.